La campagne des MAEC a bien occupé le Parc ces derniers mois. Elle a été portée par l’équipe Natura 2000 du Parc et complétée par Léa Perrelle, Hélène Garraud, Laure Jouglard, Alexis Trimoulinard et Coralie Jean--Abauzit.
La génèse de la campagne MAEC 2023 commence en septembre 2022
Le Parc naturel régional du Morvan a déposé après plusieurs mois de concertation un projet agro-environnemental et climatique (PAEC) concernant l’ensemble de son territoire, les sites Natura 2000 qu’il anime et le territoire d’ Opération Grand Site de Vézelay, soit 163 communes. Cet ambitieux projet, tant par ses aspects environnementaux que par son ampleur, a été doté d’un budget de plus de 3 millions d’euros annuels provenant des fonds européens et de l’État de la Politique Agricole Commune (PAC).
De janvier à la fin mai 2023, la visite des exploitations a mené grand train
L’équipe MAEC s’est entretenue avec chacune des exploitations candidates pour évaluer leur éligibilité, expertiser les parcelles et conseiller au mieux les agriculteurs et agricultrices. Cela a représenté un travail très important qui a occupé jusqu’à 8 personnes ces derniers mois.
Et à présent ?
Il reste 3 mois à l’équipe MAEC pour vérifier les dossiers et les transmettre aux services de l’État qui auront à charge de les instruire et les mettre au paiement.
A quoi servent les différentes mesures ?
Les diférentes mesures définies par le ministère de l’Agriculture ont été choisies pour préserver la biodiversité typique du Morvan tout en correspondant aux principales pratiques agricoles du territoire.
L’élevage extensif est l’une des principales activités agricoles du Morvan, et les prairies naturelles sont l’un des enjeux environnementaux majeur du Morvan. Leur diversité floristique et leur typicité potentielle sont directement liées au degré d’intensification des pratiques.
Les MAEC, en incitant à conserver des pratiques extensives sur une portion des prairies permanentes, aident les agricultrices et agriculteurs à préserver l’équilibre entre les objectifs de production et d’environnement.
Quelles sont les mesures proposées ?
1. « systèmes herbagers et pastoraux »
La mesure « systèmes herbagers et pastoraux » engage une exploitation à respecter un nombre d’animaux relativement bas sur ses prairies permanentes, garant du caractère extensif de la ferme. Elle est également connue sous le nom de la mesure « petites fleurs », car en cas de contrôle l’inspecteur devra chercher 4 plantes représentatives du Morvan sur la parcelle, témoin des pratiques et de la richesse écologique.
2. « maintien de l’ouverture des milieux »
La mesure « maintien de l’ouverture des milieux » cible plus particulièrement les prairies qui ont une forte dynamique d’enfrichement.
Elles ont souvent de fortes contraintes naturelles (pente, enrochement, accès difficile) qui rendent leur utilisation compliquée et leur abandon courant avec pour conséquences : la disparition de ces milieux particuliers, la fermeture du paysage et la fragilisation de l’agriculture.
Cette mesure est un soutien aux exploitations qui maintiennent ces parcelles ouvertes avec des méthodes non-chimiques (broyage, pâturage) et préservent ainsi la biodiversité de ces zones.
3. « préservation des milieux humides »
Les milieux humides concernés par les MAEC sont des prairies en bord de cours d’eau en fond de vallée, inondées en hiver et souvent paratourbeuses. Difficiles à exploiter, elles n’offrent pas de foin d’une grande valeur agronomique pour les exploitations, néanmoins en cas d’été sec ces prairies restent fraîches et produisent une pousse d’herbe en continu.
La mesure «préservation des milieux humides» est plus exigeante que la mesure « systèmes herbagers et pastoraux ».
D’une part, elle interdit tout intrant sur la parcelle, afin d’éviter une dégradation de la biodiversité exceptionnelle de ces milieux. La zone humide joue un rôle de régulation du débit du cours d’eau essentiel, notamment l’été.
Elle interdit également le pâturage en hiver, pour éviter le piétinement au moment où les sols sont les plus fragiles et favoriser le bon développement de la parcelle.
Ces milieux, de plus en plus rares (64% des zones humides mondiales ont disparu sous la pression anthropique depuis 1900), sont également les meilleurs puits de carbone, il est important de les préserver.
4. « Ripisylve »
Le Morvan est une tête de bassin versant parcouru par un dense chevelu de cours d’eau. La présence de ripisylves et leur maintien permet de conserver de l’eau de bonne qualité et des écosystèmes aquatiques riches. Le système racinaire des arbres conforte la solidité de la berge, empêche l’érosion, apporte une diversité d’habitats et favorise les sous-berges, des micro-habitats très recherchés par la faune aquatique. En outre, l’ombre des feuillages limite le réchauffement de l’eau et son évaporation tandis que la présence des arbres limite le piétinement des berges et l’apport excessif de sédiments fins qui dégradent la qualité de l’eau.
La mesure « ripisylve » demande à l’agriculteur d’avoir un rideau d’arbres de taille conséquente le long d’un cours d’eau, et de les entretenir de façon douce.