La directive de l'Union européenne 92/43/CEE, plus généralement appelée Directive Habitats-Faune-Flore, vise à conserver les habitats naturels et les espèces de la faune et de la flore sauvages dans les États membres. En particulier, l'annexe II liste les espèces de faune et de flore d'intérêt communautaire, c’est-à-dire en danger d'extinction, vulnérables, rares ou endémiques d'une zone géographique, visées à ce titre par des mesures de conservation sur les sites Natura 2000. Présentation du Chabot, de la Cordulie à corps fin et du Petit-rhinolophe.
Chabot
Ce petit poisson mesure à taille adulte entre 10 et 15 cm. Il est reconnaissable à son corps en forme de gourdin, sa tête large et sa grande bouche aux grosses lèvres. Sa couleur gris-brun lui permet de se confondre avec le fond caillouteux des ruisseaux de tête de bassin versant, à eau froide et vive, bien oxygénée. Ce poisson chasse la nuit des larves d’insectes et passe la journée caché sous les cailloux, rochers et autres graviers du fond de l’eau. Chez le chabot, le mâle surveille et protège les œufs jusqu’à l’éclosion, tandis que la femelle s’éloigne une fois les œufs pondus.
Cette espèce est d’intérêt communautaire à l'échelle européenne. Le Chabot est sensible à la qualité de l’eau, à la morphologie des cours d’eau (les cours d’eau trop chargés en sédiments lui sont défavorables) et au réchauffement de l’eau (au dessus d’une eau à 18°C, il se sent mal, à 28°C il ne survit pas).
Cordulie à corps fin
La Cordulie à corps fin est une libellule d’environ 6 cm d’envergure, de couleur vert métallique et noire. Elle vit autour des parties calmes des cours d’eau ou des eaux stagnantes peu profondes, riches en végétation aquatique. On peut la voir voler de juin à fin août. La femelle pond ses œufs dans l’eau, à proximité des zones ombragées. Les larves vivent ensuite 2 à 3 ans dans le milieu aquatique.
Protégée en France, cette Cordulie est menacée par la pollution de l’eau et la dégradation des milieux aquatiques.
© Creative Commons
Petit-rhinolophe
Les rhinolophes tirent leur nom de l’appendice en forme de fer à cheval qui entoure leurs narines. Au repos, ces chauve-souris s’enveloppent presque totalement dans leurs ailes, ressemblant ainsi à des petits sacs suspendus ou à des vampires de dessin animé. Le Petit-rhinolophe en est le plus petit représentant, avec 3,7 à 4,5 cm de longueur et 19 à 25 cm d’envergure, pour un poids de 4 à 9g. Il fréquente les milieux semi-ouverts, notamment bocagers, et se rencontre fréquemment dans les caves. Il se déplace peu pour chasser, à peine quelques kilomètres autour de son gîte.
Il se nourrit de petites proies : moucherons, petits papillons, coléoptères... L’accouplement a lieu entre septembre et octobre. Les femelles se regroupent en colonies à partir d’avril, les naissances s’échelonnent de mai à mi-juillet. La période d’hibernation s’étend de fin octobre à mars-avril.
Le Petit-Rhinolophe est une espèce d’intérêt communautaire , de plus cette espèce et son habitat sont également protégés en France. Comme la plupart des espèces de chauve-souris, le Petit-rhinolophe pâtit de la raréfaction générale des insectes (utilisation d’insecticides et de vermifuges...). Les principales menaces sont la disparition des gîtes, notamment par condamnation des accès aux gîtes lorsque les individus sont encore à l’intérieur. Il est sensible à la prédation par les chats et au trafic automobile et est impacté par la régression du maillage bocager.
©Clémence WECK
Lorsqu’elles sont présentes, ces espèces nous indiquent que le milieu est de qualité et possède une variété d’habitats et un cortège d’espèces diversifié, permettant à chacune d’assurer pleinement leur cycle de vie. Même des milieux anthropisés, marqués par la présence de l’Homme, peuvent posséder une riche biodiversité. Laisser de la place à la nature est essentiel face à l’érosion de la biodiversité que nous connaissons actuellement.
Or, certains projets peuvent porter préjudice à certaines espèces, dont les trois précitées, et à leurs milieux de vie. Des aménagements peuvent être mis en place, financés en totalité ou pour partie par Natura 2000, pour éviter tout dommage aux habitats et espèces du site, pour limiter et réduire les impacts, voire pour améliorer l’état global du milieu : restauration de la continuité écologique par arasement des seuils ou pose de passes à poissons, restauration de prairies paratourbeuses, aménagement de gîtes à chauves-souris, etc.
Aménagement d’une grange pour faciliter l’accueil
d’une colonie de petits-rhinolophes (©C. Garineaud)
Que vous soyez agriculteurs, usagers, propriétaires, collectivités, etc., vous pouvez mener vos projets tout en agissant pour la préservation de votre territoire et de la biodiversité. Les animateurs Natura 2000 du Parc du Morvan sont disponibles pour vous renseigner et vous accompagner dans vos projets.