Dans le cadre de Natura 2000, du programme LIFE « Ruisseaux de tête de bassin versant » (2004-2009) et du programme LIFE+ « Continuité écologique et faune patrimoniale associée » (2011-2017), le Parc du Morvan a réalisé d’important travaux sur la Cure et le Cousin. Depuis, des suivis réguliers sont réalisés par l’équipe Natura 2000 et les structures partenaires.
Ils ont pour objectif d’évaluer la transformation des milieux et l’état des populations des espèces d’intérêt communautaire (Moule perlière, Mulette épaisse, Chabot Commun, Lamproie de Planer, Écrevisse à pied blanc, etc.).
Ainsi, en mai 2021, un suivi des glochidies (larves de Moule perlière présentes sur les branchies des truites fario) a été mené par l’Office français pour la Biodiversité (OFB) et les Fédérations de pêche sur les trois secteurs connus de présence de la moule. Malheureusement, seule une truite infestée d’une trentaine de glochidies a été trouvée sur la Haute vallée de la Cure. Ce secteur est le seul sur lequel des signes de reproduction de la moule ont été relevés depuis plusieurs années.
Glochidies fixées sur les branchies d'une truite fario (©Justine Duret)
En outre, Clara Bureau, stagiaire durant 4 mois, a réalisé un suivi des populations connues de moules perlières. Les relevés ont montré que les populations se maintiennent : pas de nette baisse ni d’augmentation du nombre d’individus sur les secteurs prospectés.
Il est difficile de conclure sur la dynamique de la population après cette seule étude. D’une part, l’espérance de vie d’une moule perlière est de plusieurs décennies, il est donc possible que le maintien de la population observée soit seulement le résultat de la longévité de l’espèce. D’autre part, une jeune moule perlière, après une phase larvaire de quelques semaines fixée sur les branchies d’une truite, passera ses premières années (5 à 10 ans) enfouie dans le substrat de la rivière. Il n’est donc pas exclu que de jeunes moules soient présentes bien qu’encore non visibles pour un observateur.
Suivi des populations de moules perlières avec un aquascope (©Justine Duret)
En juin 2021, l’OFB et la Fédération de pêche ont réalisé un suivi piscicole sur le Cousin, en amont du Lac de Saint-Agnan et sur ses affluents. Cette étude survient 15 ans et 8 ans après les travaux du LIFE et du LIFE+. Elle révèle que, sur l’ensemble du secteur étudié, le peuplement piscicole est déstructuré et loin d’une situation référentielle. Toutes les espèces de tête de bassin versant sont présentes mais dans des abondances plus faibles qu’attendues. C’est en particulier le cas de la Truite fario, poisson hôte de la Moule perlière, sur lequel une attention particulière est portée.
Des points positifs sont à noter et en lien direct avec l’ensemble des travaux d’aménagement qui ont été faits. Il s’agit en particulier de la remontée de la truite jusque sous l’étang de Champeau, de l’apparition de la Lamproie de Planer dans la prairie des Cordins, l’amélioration de la situation du Goujon et de la Vandoise dans la prairie des Cordins également.
Cependant, on notera également la forte présence des espèces inféodées aux plans d’eau (perches, rotengles, gardons, tanches) ; un silure a également été péché à l’aval de l’étang de Champeau. Ces présences attestent de l’impact général des plans d’eau, en particulier sur la thermie des cours d’eau. En outre, les effectifs faibles observés des espèces de tête de bassin, notamment sur les affluents du Cousin, pourraient fortement être liés aux deux années de sécheresse de 2019 et 2020, voire celle de 2015.
Plus d'informations dans le rapport complet : J. BOUCHARD, 2021, « Diagnostic piscicole du Cousin amont - Campagne de suivi 2016 et 2021 - Poissons et écrevisses », Office français pour la Biodiversité.
Bilan des prospections 2021 des contaminations des truites par les glochidies de moules perlières : bilan_glochidies_2021.pdf