Les forêts des versants

Habitats ou habitats d'especes D'interêt communautaire concernés :

  •  Hêtraies-chênaies collinéennes à Houx et Hêtraies acidiphiles montagnardes à Houx (41.12 - 9120)
  • Hêtraies chênaies acidiphiles atlantiques à Houx (41.12 – 9120/2)
  • Hêtraies-chênaies à Jacinthe des bois et Hêtraies acidiclines à Millet diffus (41.13 - 9130)
  • Hêtraies-chênaies à Jacinthe des bois (41.13 – 9130/3) ou à paturin de Chaix (41.13 – 9130/6)
  • Habitats d'espèces du Grand Murin

 

 

Eléments de description

Les Hêtraies-chênaies collinéennes ou atlantiques à Houx acidiphiles à très acidiphiles présentent un sous-bois arbustif à houx avec une strate herbacée typique des milieux acides ou très acides comprenant des espèces comme la Canche flexueuse, la Fougère aigle ou le Leucobryum glauque.

Les Hêtraies acidiphiles montagnardes à Houx présentent une strate arborescente dominée par le Hêtre, souvent en peuplements purs. La strate herbacée est souvent formée de tapis de Canche flexeuse et parfois de Myrtille. La strate muscinale est également bien représentée.

Les Hêtraies-chênaies-(charmaies) acidiclines à Jacinthe des bois des sommets et versants sont dominées par les chênes et les hêtres avec un taillis de charmes en sous-étage et un cortège herbacé des sols riches (Lamier jaune, Aspérule odorante, Lierre…)

Les Hêtraies acidiclines à Millet diffus des versants sont montagnardes. Elles sont dominées par le Hêtre accompagné du Frêne commun et de l’Erable sycomore, avec des arbustes comme le Houx, le Sureau à grappe et le Noisetier. Le tapis herbacé est recouvrant, essentiellement composé de Millet diffus et des Fougères mâle et femelle.

Les Chênaies – frênaies à Tilleul, classées parmi les Hêtraies – Chênaies à Pâturin de Chaix, sont souvent au contact des éboulis des forêts de ravin. Elles présentent des peuplements de chênes et de charmes à frênes, où l’on rencontre des Tilleuls à petites feuilles, des Erables champêtres ou des Ormes de Montagne. La strate herbacée est très diversifiée (Petite Pervenche, Sceau de Salomon multiflore, Mélique uniflore…).

Les Hêtraies-chênaies-(charmaies) neutroclines et acidiclines à Jacinthe des bois de bas de versant se présentent souvent en mosaïque sur le site. Le Charme et le Chêne sessile y dominent souvent. La strate herbacée témoigne de sols riches à assez riches et frais (Aspérule odorante, Lamier jaune, Lierre rampant. Elles sont directement en contact avec les groupements de forêt riveraine.

 

Intérêt ecologique et patrimonial

  • Rareté de la Chenaie-frênaie à Tilleul ;
  • Ces forêts ont un rôle fonctionnel de zone tampon vis à vis des cours d’eau face aux écoulements en provenance des versants, d’autant plus important que les groupements se rapprochent des fonds de vallée ;
  • Ces forêts présentent sur le site des faciès montagnards uniques en Bourgogne.
  • Ces forêts sont constituées des groupements végétaux rarement présent dans un état de conservation optimum. Elles présentent une flore spécifiques et rares : Lycopode en massue, Lycopode à Feuilles de Genévrier et Phégopteris faux-polypode protégés en Bourgogne. Elles sont fréquentées par plusieurs espèces de l’annexe 1 de la Directive Oiseaux : Chouette de Tengmalm, Pic noir et Engoulevent d’Europe.
  • le Grand Murin, chauve-souris citée à l'annexe 2 de la DHFF, utilise en particulier ces forêts feuillues comme zones de chasse

Exigences écologiques

  • caractère acide et méso oligotrophe à oligotrophes des sols ;
  • une couverture arborée feuillue ;
  • un éclairage au sol suffisant pour permettre une régénération et un développement des espèces de sous bois caractéristiques.

 Dynamique naturelle, etat de conservation actuel, et facteurs d'évolution

L'ensemble de ces forêts présente une dynamique naturelle stable pour les sylvofaciès typiques. Après destruction (chablis, coupe) ou reconquête forestière post-déprise, la reconstitution naturelle de l’habitat passe par une phase pionnière à Bouleaux et Sorbiers pour les forêts acidiphiles et une phase transitoire à Chêne pédonculé dans les faciès collinéens. La maturation se fait progressivement avec l’arrivée du Hêtre et du Chêne sessile dans les faciès collinéens.

Dans les phases pionnières, le Bouleau est remplacé par le Frêne, l’Erable et les Saules dans le cas des Hêtraies acidiclines à Millet diffus, par le Frêne, le Tremble et le Chêne pédonculé dans le cas des Hêtraies chênaies à Jacinthe des bois.

Les pratiques sylvicoles (anciennes et actuelles) qui s'y appliquent ont pu conduire à des variations par rapport aux groupements initiaux, notamment au niveau de la composition dendrologique (peuplements appauvris en hêtre) ou de la structure (futaies sur souche issues de taillis sous futaie vieillis).

On notera que les variations de sylvofaciès peuvent correspondre à des phases transitoires de recolonisation forestière d'anciennes terres agricoles. Leur état actuel ne nécessiterait que peu ou pas d'intervention pour revenir au type initial.

Dans les formes qui correspondent aux caractéristiques stationnelles, le Hêtre constitue l'essence dominante de la strate arborescente. Toutefois le choix du Chêne sessile en essence objectif, avec des hêtres en sous étage, ne porte pas d'atteinte majeure à l'état de conservation de ces habitats (même si le hêtre semble un choix économiquement plus pertinent).

Les reboisements résineux constituent la modification la plus radicale pour tous ces types habitats.

Menaces

  • Enrésinements ou ré-enrésinements
  • Perturbation voire destruction de la couche superficielle du sol lors du passage des engins forestiers ou des véhicules tous-terrains, quads, motos vertes ;
  • Erosion des sols suite aux coupes rases ;
  • Non renouvellement à long terme étant donné la faiblesse de la régénération. 

Pratiques actuelles

  • Enrésinements ou ré-enrésinements des surfaces après coupe rase ;
  • Pas ou peu d'exploitation sylvicole récente des peuplements feuillus (taillis sous futaie ayant évolué en futaie sur souche), déséquilibre des classes d’âges en faveur des bois moyens ;
  • Traitement type futaie régulière pour la très grande majorité des peuplements résineux.

Bonne pratique

  • Adaptation des choix sylvicoles aux caractéristiques stationnelles ;
  • Protection des sols et des paysages en évitant les coupes rases dans les pentes fortes et/ou de trop grandes dimensions ;
  • Gestion permettant une diversité des essences dans les peuplements (essences secondaires et d’accompagnement) ;
  • Gestion des peuplements feuillus existants en futaie irrégulière permettant une diversification des strates et des essences, favorisant l'expression des caractéristiques stationnelles, sans utilisation de traitements phytosanitaires et évitant de passer par la coupe rase ;
  • Conservation dans les peuplements des forêts du 9120 des sous-bois de houx.

 Au-delà de la bonne pratique

Sylvicultures favorisant :

  • des itinéraires techniques permettant le vieillissement des peuplements jusqu'à des stades mâtures et très ponctuellement, des îlots de sénescence ;
  • la régénération naturelle ou artificielle d'espèces autochtones dans les zones en résineux existantes ;
  • la conservation dans les peuplements de certains arbres morts et arbres à cavités sous réserve de la mise en place d'un dispositif national dégageant la responsabilité civile des propriétaires ;
  • l’organisation optimisée de la vidange des bois vis à vis du tassement des sols ;
  • des éclaircies suffisamment fortes et d’une périodicité adaptée pour optimiser l’éclairage au sol.

autres

  • Information et sensibilisation des usagers ;
  • Suivi scientifique.