Les tourbières et les zones tourbeuses

Habitats ou habitats d'espèces d'interêt communautaire concernés

  • Tourbières hautes actives quasi-naturelles (51.1 - *7110)
  • Tourbières dégradées susceptibles de régénération (51.2 - 7120)
  • Communautés à Rhynchospore blanc (54.6 - 7150)
  • Bas-marais acidiphile
  • Habitat d'espèce du Damier de la Succise (1065)
  • Landes humides atlantiques septentrionales à Bruyère à quatre angles (31.11 - 4010)

 

Tourbière de Champgazon (Montsauche-les-Settons, 58)

 

Les tourbières hautes actives sont souvent présentes en mélange avec les tourbières dégradées susceptibles de régénération.

Les tourbières hautes actives sont constituées d'une mosaïque de groupements végétaux dont l'élément dominant est laCallunaie composée de buttes de sphaignes coiffées par la Callune, elle-même entourée de larges touffes de Linaigrette engainée.

Les dépressions, cuvettes ou lignes d’écoulement, selon leur degré d'humidité, permettent le maintien d'espèces végétales des groupements des stades moins évolués. Ainsi, on retrouve parfois en un même lieu, les différents stades de maturité de la tourbière : des stades pionniers à la Callunaie à Linaigrette engainée, en passant par les bas-marais à Jonc acutiflore. Ces derniers sont très proches des formations végétales des prairies paratourbeuses.

Les tourbières dégradées susceptibles de régénérationcorrespondent à des Moliniaies sur sol tourbeux plus ou moins épais, formant des touradons dans les secteurs les plus humides. Elles sont issues de l’assèchement puis de la minéralisation en surface de la tourbe.

Les communautés à Rhynchospore blanc se situent sur des sols de faible épaisseur, peu tourbeux et alimentés par des ruissellements d’eaux oligotrophes. On les trouve sur des surfaces restreintes, en bordure des callunaies ou au niveau des résurgences des sources aréniques.

Les landes humides à Bruyère à quatre angles et sphaignes ne sont présentes sur le site qu’en mélange avec la mosaïque des prairies et des tourbières hautes actives.

Intérêt ecologique et patrimonial

  • une infrastructure naturelle qui contribue au soutien d'étiage et atténue l'effet des crues en stockant l'eau,
  • un témoignage de la couverture végétale et du climat depuis la dernière glaciation par analyse des pollens,
  • des groupements végétaux, une flore (Rossolis à feuilles rondes, Canneberges, Rhynchospore blanc, Bruyère à quatre angles, Linaigrette vaginée, Walhenbergie…protégées respectivement en France et en Bourgogne) et une faune (le Fadet des Tourbières, le Nacré de la Canneberge et Damier de la Succise, trois papillons protégés en France et à l’annexe 2 de la DHFF pour le dernier) très spécifiques et très rares.

Exigences écologiques

  • un engorgement permanent en eaux oligotrophes ;
  • un caractère acide et oligotrophe des sols ;
  • non - tassement des sols ;
  • maintien de l’ouverture des milieux.

Dynamique naturelle, etat de conservation actuel, et facteurs d'évolution

Pour les tourbières hautes actives, la Callunaie à Linaigrette engainée représente le dernier stade d'évolution avant un boisement naturel très progressif (bouleaux puis chênes pédonculés), le maintien de l'engorgement en eau freinant le développement des arbres par asphyxie des racines. On notera que l'exploitation agricole ancienne très extensive (pour la fauche ou le pâturage), en modifiant même légèrement le fonctionnement hydrologique (par assainissement) et le sol (en surface), a provoqué l'accélération du boisement après abandon.

Les tourbières dégradées susceptibles de régénérationcorrespondent aux cas où cette exploitation a été plus intensive et plus prolongée. Elles évoluent alors en Moliniaies qui se présentent sous 3 états différents selon le degré de perturbation :

  • la moliniaie pure : état le plus dégradé avec risques accrus de boisement,
  • la moliniaie à sphaigne : état correspondant a priori à une reprise d'évolution tourbeuse,
  • la moliniaie tourbeuse renfermant des espèces typiques des tourbières : état le moins dégradé, en voie de restauration naturelle.

La transition entre tourbière haute active et tourbière dégradée est souvent difficile à fixer nettement sur le terrain.

Toutes les tourbières du site sont constituées par des mélanges en proportion variables de ces 2 types d’état de conservation.

Menaces sur le site

  • Boisement naturel ou artificiel par des résineux ;
  • Exploitation non adaptée des résineux en place (utilisation d’engins lourds, brûlage sur place des rémanents)
  • Assèchement lent par les drains existants et envahissement par la molinie et les bouleaux
  • Perturbations quantitatives ou qualitatives de l'eau en provenance des bassins versants (coupes rases forestières, modification des écoulements, décharges) ;
  • Destruction par création ou remise en état d'étangs ;
  • Assainissement / drainages agricoles ;

Pratiques actuelles sur le site

  • Certaines tourbières ont fait ou font l’objet d’acquisitions ou de conventions ayant pour objet leur gestion conservatoire et/ou leur entretien et leur restauration ;
  • Des peuplements de résineux sont en place sur certaines parties de sont laissés actuellement à l’abandon. Ils risquent un jour d’être exploités dans le cadre de l’exploitation des peuplements voisins.

Bonne pratique

  • Pas de plantations en zone tourbeuse ;
  • Pas de drainage ;
  • Pas de dépôts divers, réhabilitation des décharges ;
  • Pas de pâturage ;
  • Pas de fréquentation touristique non maîtrisée.

Au dela de la bonne pratique

Gestion conservatoire :

  • Restauration des niveaux d’engorgement ;
  • Maîtrise des ligneux envahissants ;
  • Restauration par étrépages…

Autres

  • Information et sensibilisation des usagers (animations pédagogiques, livret d'information);
  • Suivi scientifique.