Les prairies paratourbeuses et les mégaphorbiaies

Habitats ou habitats d'especes D'interêt communautaire concernes: 

  • Prés humides et bas marais acidiphiles atlantiques (37.312 - 6410)
  • Prés humides acidiphiles atlantique amphibies (37.312 - 6410)
  • Mégaphorbiaies mésotrophes montagnardes (37.7/37.8 – 6430)
  • Habitat d'espèce du Damier de la Succise (1065)

 

Prairie à Arnica (St-Brisson, 58)

 

Les prairies paratourbeuses sont constituées d’une mosaïque de groupements végétaux :

Les prés humides et bas marais acidiphiles atlantiques qui comprennent la prairie à Scorzonère humble et à Cirse des Anglais qui en constitue un élément permanent, les bas-marais à Carvi verticillé et à Jonc acutiflore dans les secteurs les plus humides et les plus oligotrophes. Les prairies humides à Carvi verticillé et Jonc squarreux (non retenues par la DHFF) s’y ajoutent dans les secteurs à assèchement de surface (sur tourbe ou arène grossière).

Les prés humides acidiphiles atlantique amphibies, constitués des bas-marais à Menthe des champs et Carvi verticillé, complètent la mosaïque dans les secteurs les plus humides méso-oligotrophes.

L'abandon des prairies paratourbeuses se caractérise par une colonisation par la Molinie bleue et donne les friches tourbeuses et paratourbeuses. Elles restent cependant encore suffisamment proches des prairies initiales pour justifier d'un intérêt communautaire.

Elles restent cependant encore suffisamment proches des prairies initiales pour Les Mégaphorbiaies sont situées à l’interface entre les prairies ou les friches humides et les cours d’eau. Elles sont caractérisées par des hautes herbes comme la Reine des Prés, la Renoncule à feuille d’Aconit ou l’Epilobe hirsute

Le Damier de la Succise est un papillon qui fréquente les secteurs où pousse la Succise des Prés, plante hôte des œufs puis des chenilles. Le dessus des ailes est fauve pâle, le dessous des ailes postérieures est notamment caractérisé par un point noir fortement auréolé de jaune clair.

 

Cuivré des marais (Rémilly, 58)

 

Intérêt ecologique et patrimonial

  • un rôle de filtre naturel et de régulation de la circulation des eaux ;
  • une grande diversité floristique : 130 espèces végétales ;
  • des groupements végétaux, une flore (l'Arnica des montagnes… inscrite à l'annexe 5 de la DHFF, la Droséra à feuilles rondes, protégée au niveau national, la Walhenbergie, la Pédiculaire des Marais, …protégées au niveau régional) et une faune (un papillon de l'annexe 2 DHFF : le Damier de la Succise) spécifiques et rares.

Exigences écologiques

Les prairies paratourbeuses nécessitent :

  • un niveau d'eau proche de la surface du sol en permanence
  • un caractère oligotrophe et acide des sols et des eaux
  • maintien d’un usage agricole extensif.

Les mégaphorbiaies ont besoin de sols humides, relativement éclairés et d'eaux non eutrophisées.

Dynamique naturelle, etat de conservation actuel, et facteurs d'évolution

Les prairies paratourbeuses sont des habitats semi-naturels résultant d'un équilibre entre des processus naturels et des pratiques agricoles extensives traditionnelles.

Les évolutions liées au facteur humain se font selon 2 axes apparemment contradictoires liés aux difficultés d'exploitation et à leur faible valeur agronomique :

  • un abandon significatif, le nombre d'exploitants agricoles proches de la retraite et la difficulté des installations faisant craindre la poursuite voire l'accélération de ce phénomène.

Cette déprise conduit à différents faciès qui dépendent étroitement de l'historique des pratiques agricoles, avec une tendance générale au développement d'une Moliniaie et un boisement progressif par les Bouleaux et les Saules, accompagné d'un appauvrissement de la diversité floristique. Certaines montrent cependant une reprise de la dynamique tourbeuse et seront alors classées avec les tourbières. D’autres sont considérées comme "eutrophes" et si elles restent humides, ce sont les plus dégradées.

  • une intensification des parcelles restant exploitées, pour tenter de mieux les valoriser (les efforts financiers et humains investis étant souvent peu en rapport avec les résultats obtenus). Les 2 schémas suivants montrent les relations entre l'intensification des pratiques agricoles et l'évolution des prairies :

 

 

Menaces

  • Déprise agricole conduisant à l'embroussaillement puis au boisement naturel ;
  • Intensification des pratiques sur les parcelles par :
  • Assainissement provoquant l'assèchement,
  • Épandage de matières fertilisantes,
  • Chargement animal trop important et trop précoce,
  • Traitements phytosanitaires ;
  • Boisement ou culture de sapins de noël remplaçant l'exploitation en prairie ;
  • Dégradation par création de plans d'eau remplaçant les prairies ;
  • Perturbations quantitatives ou qualitatives de l'eau en provenance des bassins versants (intensification des pratiques agricoles, utilisation de phytosanitaires, coupes rases forestières …).

Pratiques actuelles sur le site

  • la majorité des surfaces en prairies paratourbeuses sont encore en exploitation ;
  • la répartition des prairies dans les différentes classes de valeur patrimoniale est directement liée à la nature des pratiques sur ces prairies ;
  • plusieurs exploitants pratiquent une agriculture biologique ;
  • certaines prairies sont gérées à des fins conservatoires.

Les bonnes pratiques à mettre en oeuvre

  • Fauche vers le 30 juin lorsqu’elle est maintenue .
  • Amendement calcique .
  • Fertilisation moyenne 30-40-40 .
  • Pâturage à partir du 1er mai .
  • "Bonnes pratiques agricoles constatées en Bourgogne" et bonnes pratiques définies pour les mesures agri-environnementales .
  • Zones interdites de la réglementation des boisements ;
  • Inscription des prairies paratourbeuses dans les zones ND des POS ou des PLU, interdisant toute construction ou dans les zones NC, qui interdisent toutes constructions autres qu'agricoles. 

Au dela de la bonne pratique

Maintien de la structure prairiale riche et diversifiée par :

  • le maintien des pratiques agricoles très extensives : absence d'amendements, de traitements phytosanitaires et de travail du sol, assainissement nul ou limité (rigoles) et raisonné (épargner les bas-marais), chargement instantané faible et tardif (2 UGB/ha maximum au printemps), soutien à la fauche tardive (bénéfique à la flore et à la faune et pour la restauration des parcelles dégradées)
  • le soutien à la reprise durable des prairies paratourbeuses récemment abandonnées ou des friches
  • la restauration des niveaux d'engorgement : arrêt d'entretien des gros fossés d'assainissement, rebouchages éventuels, partiels ou totaux, remplacement des fossés par des rigoles

Autres

  • Information et sensibilisation des usagers (animations pédagogiques, livret d'information);
  • Suivi scientifique.